Le « paquet climat » a été voté par le Parlement européen, signifiant ainsi la fin définitive des moteurs thermiques. Le texte de loi prévoit que 100 % des voitures neuves mises en vente à compter de 2035 devront toutes être équipées de moteur électrique.

Malgré une farouche opposition de la droite, le Parlement européen a adopté la proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves à compter de 2035, autorisant donc uniquement la vente de véhicules électriques. Les eurodéputés ont validé le texte sur la régulation des émissions de CO2 des voitures et camionnettes, texte s’inscrivant dans le plan climat de l’Union européenne, et ce, par un vote serré de 339 voix pour, 249 voix contre et 24 abstentions. C’est ce vote qui détermine à présent la position des eurodéputés avant les négociations à venir avec les États membres pour finaliser un compromis.

L’objectif du « zéro émission » a fait l’objet d’une rude bataille dans l’hémicycle, à la suite d’un amendement du PPE, droite pro-européenne et premier groupe au Parlement, qui proposait d’atteindre une réduction de 90 % des émissions en 2035. Cet amendement aurait permis de poursuivre la commercialisation de véhicules hybrides, mais a, in fine, été rejeté de justesse. Aujourd’hui, les voitures à moteur thermique représentent 12 % des émissions de CO2 dans l’UE.

Le prix des voitures électriques va t-il exploser ?

A ce jour, même en déduisant les bonus, les prix des voitures électriques sont assez largement supérieurs aux véhicules à moteur thermique. Cela dit, cette tendance devrait s’inverser avec l’augmentation de la production de véhicules à batterie. En effet, le coût des accus devrait baisser au fur et à mesure que la fabrication de masse s’accélère.

Dans les années qui viennent, les concessions vont adapter leur gamme pour proposer une offre de véhicules 100 % électriques allant crescendo.

Si l’on en croit le groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler), l’équilibre pourrait être atteint entre 2025 et 2030. De son côté, le groupe Volkswagen voit le prix des voitures à moteur thermique augmenter, cela dû à des malus gouvernementaux croissants, ainsi qu’aux amendes infligées aux constructeurs responsables de trop d’émissions de CO2. Thomas Morel (McKinsey), table sur une explosion des ventes de voitures en leasing, solution permettant d’abord de lisser le prix, mais aussi de limiter certains frais d’entretien et de changer de voiture à tout moment sans en avoir à s’occuper de sa revente.

 

Les modèles hybrides ont-ils un avenir ?

Bien évidemment, l’augmentation des ventes de véhicules électriques se fera au détriment d’autres types de moteurs, comme les hybrides classiques ou rechargeables.

Très appréciées pour leur plus grande autonomie et leur capacité à pouvoir rouler sans émission de CO2 quelques dizaines de kilomètres, les voitures hybrides ne sont pas à l’abri pour autant. Et cela, du fait que plusieurs études démontrent qu’ils sont plus polluants, à partir du moment où leurs batteries ne sont pas rechargées correctement. Ce qui est apparemment courant chez un bon nombre de propriétaires. Si les recommandations de la Commission européenne sont suivies, ces modèles risquent donc d’être, eux aussi, interdits à la vente en 2035.

Même si la France et l’Allemagne défendent ces voitures de transition vers le tout-électrique, l’hybride rechargeable n’est qu’une solution alternative en attendant que les prix des voitures électriques soient en baisse et que l’on atteigne une autonomie suffisante. Aujourd’hui, si l’on en croit les professionnels, c’est la revente en occasion qui pose un problème, car la demande est faible, principalement en raison de leur prix trop élevé. Irrité par le vote du Parlement européen, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) estime, quant à elle que : « Toutes les options, y compris les moteurs thermiques très efficaces, les hybrides et les véhicules à hydrogène doivent jouer un rôle dans la transition vers la neutralité climatique ».

 

Que va-t-on faire de nos vieilles voitures ?

De facto, les véhicules les plus vieux vont être beaucoup plus difficiles à revendre. En effet, un grand nombre de véhicules vont devenir obsolètes, et n’auront très probablement plus l’autorisation de circuler dans certaines zones urbaines. Leur valeur résiduelle devrait donc baisser radicalement. Si vous disposez d’un vieux véhicule, c’est peut-être le moment de vous en séparer. Deux solutions à cela : soit vous le vendez, soit vous bénéficiez d’une offre de reprise. Dans les années qui viennent, l’accès aux centres-villes va devenir de plus en plus contraignant, et les citadins devront de plus en plus se tourner vers des moyens de transport alternatifs comme le vélo, l’autopartage ou encore les transports en commun. Reste tout de même une grande question, celle du recyclage des véhicules qui ne sont pas des épaves. Que va-t-on faire de toutes ces voitures ? Les exporter est une solution bien sûr, mais ne fait, bien évidemment, que déplacer le problème.

 

Les constructeurs sont-ils prêts ?

Les constructeurs se voient bien contraints de se mettre au diapason. Les objectifs du Parlement européen, toujours plus drastiques, ont obligé les marques à développer à marche forcée leur offre de modèles 100 % électriques pour éviter des amendes records. Cela dit, d’une marque à l’autre, les niveaux d’investissement restent très variables. Un nombre croissant de constructeurs annoncent l’arrêt total de leurs modèles à moteur essence et diesel au profit du tout électrique. Les deux constructeurs les plus ambitieux, Volkswagen et Volvo, ont annoncé respectivement 60 % de voitures électriques en Europe, et 100 % dans le monde, d’ici à 2030.

 

Dispose-t-on d’un réseau de borne de recharge suffisant ?

A ce jour, le réseau de recharge est loin d’être assez important, il se concentre en majeure partie sur trois pays et le nombre de bornes de recharge est nettement insuffisant. Ce constat établi, pour mener à bien son ambitieuse stratégie, l’Europe va devoir mettre les bouchées doubles sur les infrastructures de recharge. La Cour des comptes de l’Europe a d’ailleurs épinglé l’Union européenne à ce sujet. L’objectif à atteindre est l’installation d’un million de bornes de recharge pour véhicules électriques d’ici à 2025, et de 3,5 millions pour 2030. Avec seulement 260 000 bornes disponibles à fin 2020, nous sommes encore loin des objectifs.

 

Comment l’industrie automobile a-t-elle reçu cette annonce ?

Même s’il n’est pas encore entré en vigueur, le texte a suscité de vives réactions du côté de l’industrie automobile. Luc Chatel, président de la Plateforme automobile française, redoute la destruction de 60 000 emplois pour la filière thermique. Karima Delli, députée européenne et présidente de la Commission Transport du Parlement européen, y voit un tout autre avenir : « Ce virage de la transition écologique va permettre à de nouveaux métiers d’émerger dans ces filières », ainsi qu’une autre analyse : « L’industrie automobile n’a pas attendu la transformation écologique pour supprimer des postes. Ceux qui ont supprimé des postes depuis 10 ans, c’est le dumping social et les délocalisations ».

Faut-il changer de voiture ?

Il n’est pas nécessaire, pour l’heure, de changer votre voiture, et ce, pour deux raisons. Premièrement, le texte n’entrera en vigueur qu’en 2035, ce qui laisse amplement le temps aux conducteurs de se servir de leur véhicule. Deuxièmement, le texte adopté par le Parlement européen concerne uniquement les voitures neuves, il y aura donc toujours un marché des voitures d’occasion à moteur thermique en 2035. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que la moyenne de durée de vie d’une voiture thermique est estimée à quinze ans, nous verrons donc fort probablement des véhicules à moteur thermique sur nos routes a minima jusqu’en 2050.